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3rd RIWAQ BIENNALE. A Geography: 50 Villages

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Activités, Nouvelles

Le peuple palestinien résiste à l’occupation et à l’isolement avec la collaboration d’artistes du monde entier et, plus particulièrement, avec la politique de réhabilitation de ses centres historiques.

Le 12 octobre dernier, le Premier ministre palestinien. M. Salam Fayyad, a inauguré la 3e Biennale de Riwaq en présence de divers ministres et autorités locales, et devant une assistance de plus de deux cents personnes venues du monde entier. L’acte a ensuite laissé la place à une semaine d’une intense activité de création et d’analyse destinée à la mise en valeur ainsi qu’à la récupération du patrimoine architectural de Palestine.

Une semaine de visites et de débats

Les activités ont consisté en un ensemble de visites, de débats et de projets développés dans ces cinquante villages en étroite collaboration avec des organisations et des administrations locales. Ces activités ont pour but de poser les bases afin de faire des organisations locales la colonne vertébrale de la protection, de l’usage et de la promotion du patrimoine culturel de Palestine au moyen de projets de réhabilitation et de revitalisation. Il s’agit aussi de donner l’occasion de retrouver les références, les codes et les pratiques culturels du pays, tout en recherchant de nouvelles voies pour connecter ces lieux, pour développer l’appropriation du patrimoine de la part des habitants, et pour faire connaître au reste du monde la culture palestinienne.

Yatta, Arraba, Adh Dhahiriya, Abu Dies, Surif, As Samu’, Asira ash Shamaliya, Ya’bad, Deir Gassaneh, ‘Anabta, Bani Na’eem, Burqa, Beita, Halhul, Sa’ir, Silat adh Dhahr, Idhna, Rantis, Aqraba, Ash Shuyukh, Ni’lin, ‘Aboud, Burin, Deir Istiya, Beit Iksa, Beituniya, Jamma’in, Hajja, Beit Hanina, Al ‘Ubeidiya, Taybeh, Sabastiya, Abwein, Sanur, Beit Fajjar, Bruqin, Birzeit, Deir Ammar, Al Mazra’a al Qibliya, Mazari’ an Nubani, Ajjul, Sanniriya, Al Jib, Beit Wazan, Jilijilya, Ein Siniya, Jaba’, Kur, Ras Karkar, Khan Yunis sont les cinquante villages palestiniens qui font l’objet des interventions de la 3e Biennale Riwaq. La sélection a été faite avec des critères de valeur historique et d’état de conservation, le tout afin de protéger et de promouvoir le patrimoine culturel palestinien.

Un territoire plus que fragmenté

Les difficultés de mouvement dans un territoire de plus en plus fragmenté, à cause des nouvelles colonies israéliennes, des multiples check points, des routes coupées qui obligent à faire des kilomètres pour aller dans un village voisin, et du honteux mur de Sharon, ont été mises en évidence dans les déplacements que les participants à la Biennale ont dû faire pour assister aux journées de travail. Dans la situation actuelle, donner une cohésion physique à ce territoire est une tâche plus que compliquée, et c’est pour cette raison que l’organisation Riwaq s’est proposée de le faire avec des initiatives imaginatives telles que cette biennale, dans laquelle la création et l’art permettent de dépasser une routine bien difficile à supporter.

Riwaq utilise comme ressource les cinquante centres historiques, dans lesquels perdure un patrimoine de grande valeur, encore en usage et habité. C’est un fait surprenant qui montre la résistance de la population à une pression continue, avec des difficultés quotidiennes continuelles mais aussi une profonde estime pour ses racines. Il ne s’agit pas ici d’organiser de grandes expositions ou des activités brillantes mais tout un ensemble de visites au travers de ce territoire éclaté, qui reflète très bien le démembrement existant dans le pays. Ces visites ont été conçues comme une série d’activités en réseau entre artistes, architectes, urbanistes, experts, analystes locaux et internationaux, qui ont tous eu l’occasion de découvrir par eux-mêmes le patrimoine et la population locaux, tout en développant des idées et des collaborations pour l’avenir.

La conservation préventive

L’organisation Riwaq, qui suit dans ses actions de réhabilitation la méthode RehabiMed, s’est vue confrontée à une réalité difficile pour freiner la perte continue du patrimoine due au comportement de l’armée israélienne, à l’abandon de la part des habitants, et aux difficultés qui existent à envisager une réhabilitation intégrale dans un contexte politique, économique et social totalement instable. Le maire de Birzeit, l’un des villages qui a accueilli une bonne partie des débats, commente : « Il est impossible d’envisager le développement social et économique sous l’occupation. » Il n’est cependant pas inutile de dire que, en dépit de cette triste affirmation, son village est en pleine activité de réhabilitation du centre historique.

Pour affronter cette dure réalité, Riwaq envisage ce que nous appelons la conservation préventive. Il s’agit en effet d’engager les travaux minimums nécessaires pour éviter que les bâtiments ne souffrent trop d’une dégradation progressive et finissent pas s’effondrer, faisant des centres historiques des montagnes de ruines. L’idée est tout à fait intéressante car on donne des aides à la réhabilitation pour les immeubles habités, et pour ceux qui ont été abandonnés on envisage leur consolidation minimum pour les maintenir sur pied. Grâce à cela, les centres historiques entament le chemin de la revitalisation ou, dans le pire des cas, évitent la poursuite du processus de dépeuplement à cause du mauvais état de l’ensemble. Des problèmes de propriété, de financement, de gestion ainsi que beaucoup d’autres très semblables à ceux que nous connaissons dans les centres historiques européens apparaissent aussi. Dans les débats de la Biennale, on a pu ébaucher des idées qui pourront aider à faire face à cette problématique et à maintenir l’esprit vivant face à un avenir, que nous souhaitons tous, paisible et prometteur.