Les 16 et 17 mars 2009, dans le cadre d’un atelier international pour mettre en place les lignes directrices à suivre pour la restauration de la muraille proche de la porte d’Antioche, Bab Antakia, a été présenté le travail réalisé par l’équipe de RehabiMed pour cette portion de la fortification. Les résultats de l’étude historique réalisée ont apporté les éléments-clés pour la rédaction des recommandations ainsi que pour la décision postérieure qui sera prise conjointement par le gouverneur de la région et le maire d’Alep. Il s’agira de démolir le mur construit par les Français pendant la période du mandat et de récupérer la partie historique de la muraille qui était demeurée cachée derrière cette nouvelle construction.
L’atelier a été organisé par la Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ) – l’agence allemande pour la coopération technique – et présidé conjointement par le directeur de la Vieille Ville d’Alep et par le directeur général du Patrimoine d’Alep. L’événement a vu l’assistance de plus de vingt experts locaux. Parmi ceux-ci, Mme Anette Gangler a présenté le projet de réforme urbaine prévu dans ce domaine d’étude, M. Xavier Casanovas a présenté, quant à lui, l’évolution historique de la muraille, et les ingénieurs Mazen Zada et Switbert Greiner ont présenté les résultats de leur analyse des fondations du mur français et de la stabilité du sol situé derrière cette construction. Après d’enrichissants débats et une visite in situ détaillée, le comité scientifique constitué des experts présents et présidé par M. Mounir Bouchenaki, directeur actuel du Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM) et ancien sous-directeur général pour la Culture de l’UNESCO, a fait ses recommandations dans le sens d’éliminer le mur en question et de récupérer la muraille historique en suivant les procédures ad hoc pour la préservation des valeurs patrimoniales de l’ensemble.
La porte d’Antioche
La porte fortifiée Bab Antakia fait partie des plus monumentales de la ville d’Alep et c’est celle qui présente le meilleur état de conservation. Il s’agit de deux grands bastions hexagonaux de 15 mètres sur 25 environ, et de 20 mètres de hauteur. Le bastion nord avait des fonctions exclusivement défensives et c’est celui qui est le mieux conservé ; le bastion sud, quant à lui, contient la porte d’accès à la ville en forme de chicane avec de grands éléments de protection. Du chemin de ronde, il ne reste qu’une partie, et certaines barbacanes ont aussi disparu à la fin du xixe siècle ou au début du xxe. Les murs, d’une épaisseur de 3 mètres, sont faits d’une double feuille avec des pierres de taille de bonne qualité tant à l’intérieur qu’à l’extérieur et un remplissage de pierres et de mortier de chaux. La structure est formée d’un réseau complexe de voûtes de différentes typologies qui couvrent les diverses zones de défense ainsi que les espaces créés par la formation des meurtrières.
Cette construction existe depuis environ 4000 ans mais le rez-de-chaussée que l’on peut voir de nos jours correspond à la période ayyoubide du milieu du xiiie siècle, et l’étage supérieur à la période mamelouke de la fin du xive siècle. À partir du xvie siècle, avec la stabilité et le progrès économique apportés par l’Empire ottoman, elle a cessé d’avoir une fonction défensive et divers bâtiments commerciaux se sont adossés sur tout son périmètre extérieur. Un des bastions a été transformé en khan et les parties supérieures, en logements.
Les travaux menés à terme par RehabiMed
Au début de 2008, la GTZ a demandé à RehabiMed de collaborer aux travaux de réhabilitation d’Alep qu’elle promouvait. Tout particulièrement, il s’agissait de participer à un relevé photogrammétrique et, avec un scan-laser du monument Bab Antakia, d’en faire une étude historique, constructive et architecturale ; il fallait aussi former des experts locaux pour les techniques utilisées. Pour la réalisation de ces tâches, une équipe de travail a été constituée. Elle est formée de Xavier Casanovas, de l’Unité de Réhabilitation et d’Environnement de l’Ordre des Métreurs, Architectes techniques et Ingénieurs de la Construction de Barcelone (CAATEEB), en tant que directeur de l’équipe ; de Felipe Buil, Andres De Mesa, Amparo Nuñez et Joaquim Regot, professeurs à l’Université polytechnique de Catalogne (UPC) ; et de Pablo Tena, architecte.
L’équipe de l’UPC a fait un séjour de dix jours à Alep pour effectuer la prise de données photogrammétriques et de scan-laser, et elle a travaillé avec une équipe locale, afin d’introduire ces techniques de relevé d’édifices. Parallèlement, elle a travaillé dans les archives de la Direction générale des Antiquités (DGA), à Alep et à Damas, à la recherche de documents expliquant l’histoire et les restaurations menées à terme jusqu’à présent ; à l’Institut français du Proche-Orient de Damas (IFPO) ; et dans diverses archives françaises à la recherche de documents datant de la période du mandat. L’ensemble a permis de faire des relevés de grande qualité et de grande précision, ainsi qu’une étude historique très détaillée qui servent de base aux travaux de diagnostic et à la prise de décisions concernant le projet de réhabilitation de cet ensemble. L’étape suivante sera le diagnostic complet puis le projet de restauration ainsi que les travaux qui devront être réalisés.